Après un été ponctué de faits marquants, riche en propositions, en surprises, en questionnements collectifs, en chemins dérobés et en festivités, il est temps de se dire au revoir et de se réunir une dernière fois sous le grand chapiteau pour le feu de joie de fin de saison estivale, jusqu’au prochain atelier, la prochaine conférence ou table ronde, qui se tiennent tout au long de l’année à Transfert. Pour ne pas déroger à la règle, l’ultime tournoi de pétanque de l’été indien porté par l’association Veski permettra de trancher finalement la question de savoir si l’équipe du Boulzer pourra avoir le dernier mot après avoir littéralement piétiné la concurrence tout au long de la saison.
Compétition à part, la bagarre se poursuivra sur scène, sous le grand chap’, pour une soirée sous le signe de la sueur et des luttes. D’abord, Uzi Freyja, trio porté par la rappeuse Kelly Rose, et les musiciens Stuntman5 et FotonDanger, fera vibrer son background hip-hop/rock et son rap à la méchante énergie tenace sur fond d’empouvoirement, de sexualité et d’émancipation, passant du doux au brut en un clin d’oeil. Tout aussi remonté, le binôme YN traite de la condition noire, d’insurrection des consciences et pose une charge avec son premier effort Chants de force.
Pour achever de pousser la grogne, Casey répond une fois de plus à l’invitation de Transfert, après un dernier passage remarqué sous le grand chapiteau à l’orée de la première saison. Cette fois ci, la rappeuse du Blanc Mesnil nous rend visite avec Ausgang, groupe formé aux côtés de Manusound aux machines, Sonny Troupé à la batterie et Marc Sens à la guitare, précédemment croisé au sein de la formation Zone Libre.
Depuis les premiers jours où elle portait un couteau planté dans le dos floqué à l’arrière du t-shirt, Casey crache son franc-parler, celui des mis au ban, des écartés et colle l’Occident le nez dans sa honte par les malaises qu’elle désosse ; Histoire et actualité coloniale et patriarcale, racisme enfoui dans les inconscients collectifs, oppressions systémiques… Avec Gangrène, premier album d’Ausgang, dont la figure de Chuck Berry sonne comme manifeste, elle s’attache à raccrocher sa trajectoire rock dans le grand arbre généalogique des musiques noires : « Je l’ai dans la chair, je l’ai dans les veines, (…) qu’est ce que tu crois ? Cette Histoire est la mienne ».
Tenez vous le pour dit.
LE PROCHAIN WORKSHOP À TRANSFERT
Texte rédigé par Romain Santa Maria.
Photographie : © Alice Grégoire