Espèces d’Espaces est un collectif nantais créé en 2020 par Jean-Marc Besenval et Florentin Guesdon. Au fil des projets, ils réunissent autour d’une ribambelle d’artistes, comédien·ne·s et technicien·ne·s issu·e·s du spectacle vivant, de l’audiovisuel, des arts plastiques et de l’architecture. Ainsi, selon leurs propres termes, les projets d’Espèces d’Espaces sont des “créations collectives réalisées par un collectif de création”.
Entre une proposition d’exploration cinématographique avec “Lieu(x) commun(s)”, un entresort forain sous forme de studio d’incrustation, un cinéma dynamique à bord d’un taxi, les projets et recherches artistiques d’Espèces d’Espaces ont pour point commun évident le septième art. Le 17 juillet prochain, c’est autour de ce même prisme que le collectif va littéralement transformer le site de Transfert en studio de tournage grandeur nature. Le public sera invité à se costumer, faire de la figuration et même jouer au cœur des différentes scènes proposées. Au programme, un duplex depuis Los Angeles et une cérémonie de clôture à faire rougir le tapis de Cannes.
Rencontre avec ce collectif surprenant en avant-goût de leur prochaine carte blanche :
Transfert : Bonjour Jean-Marc, Florentin, avant toute chose, pouvez-vous en dire plus sur vos parcours professionnels respectifs ?
Jean-Marc : Je me suis formé sur le tas. J’ai commencé par réaliser des films institutionnels et des clips musicaux avant de me mettre à concevoir des dispositifs vidéo pour des musées et pour le Futuroscope de Poitiers, dont j’ai scénarisé plusieurs attractions. En 2013, j’ai découvert le live à travers des projets pour le théâtre et le mapping vidéo. Je m’intéresse particulièrement au rythme – dans ses nombreuses dimensions – et au fait de mélanger différentes expressions artistiques (danse, théâtre, video et scénographie).
Florentin : J’ai suivi une licence d’arts du spectacle parcours cinéma et je me suis passionné pour les métiers de la scénographie et du décor. Je me suis donc naturellement orienté vers une formation professionnelle de scénographe et de constructeur de décors pour le spectacle. J’ai travaillé aux ateliers du Théâtre National de la Colline, au Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, mais aussi en déco sur des tournages de films.
En parallèle de mon activité de constructeur, j’ai développé une expérience plus personnelle de la scénographie grâce à mon implication dans des projets pluridisciplinaires mêlant les arts plastiques et le théâtre et se déroulant souvent en espace public. Souhaitant aller plus loin dans ma pratique artistique, j’ai co-fondé l’association du Bureau d’Études Spatiales dont le but est de développer des projets pluridisciplinaires et participatifs.
Nous nous sommes alors rencontrés lors d’une création partagée dans les quartiers nord de Nantes. Étant très complémentaires, nous avons vite eu envie de mélanger des projets mêlant la scénographie et la vidéo.
T : Vos travaux tournent pour la plupart autour du septième art. Que représente cet art pour vous ?
E.E : Pour nous c’est d’abord les plateaux, la fabrication, l’artisanat. Nous avons toujours été fasciné par les studios et par l’envers du décors. Les tournages, et par extension les équipes de tournages sont très hermétiques à l’extérieur. On ne peut pas entrer comme ça sur un plateau. C’est une sorte de petite troupe, de petite famille, qui n’a pas le temps ni l’envie d’accueillir qui que ce soit qui ne fasse pas partie de son processus de création. À travers nos projets liant le cinéma et l’espace public nous avions donc envie d’ouvrir les portes des coulisses, d’inviter les gens à y pénétrer, et même à prendre place devant la caméra sans pour autant être un acteur. Nous avons imaginé des dispositifs qui permettent à tout un chacun d’entrer dans le processus de création sans être qualifié.
T : Ce samedi 17 juillet, vous allez transformer le site de Transfert en un véritable plateau de cinéma. À quoi doivent s’attendre les spect’acteur·rices ?
E.E : A vivre un tournage de l’intérieur, ressentir les tensions, la concentration des prises. Mais aussi assister à des grands moments de théâtre comme seuls Armel Façon, Colyne Morange et Antoine Orhon nos comédiens et metteur en scène en ont le secret !
T : Plusieurs (fausses) références cinématographiques serviront d’inspiration pour les différents tournages. Quelles sont vos vraies inspirations cinéma ?
E.E. : La liste serait très longue ! Ce que je peux dire c’est que nous avons une fascination pour le plan séquence. J’aime beaucoup les comédies à l’italienne, elles sont tombées un peu dans l’oubli mais elles avaient trouvé un équilibre entre la comédie et le tragique et je trouve que c’est à l’image de la vie.
T : Que peut-on vous souhaiter pour cette carte blanche ?
E.E. : Du beau temps !