Comment vient-on à Transfert ? Comment faire pour que le voyage jusqu’à cette cité utopique puisse lui aussi être une expérience singulière et originale ? Prenant pour terrain de jeu Transfert, des futur·e·s architectes ont été invité·e·s à s’emparer des problématiques posées par le Laboratoire de Transfert pour exploiter les potentiels du lieu et imaginer un projet en lien avec la fabrique de la ville. Alors que Transfert a placé l’année 2020 sous le signe de l’invitation, les étudiant·e·s ont planché sur la mobilité.
Durant un semestre, des étudiant·e·s en master de l’école d’Architecture de Nantes ont travaillé à partir des problématiques de Transfert au sein du studio de projet Architecture en représentation. Cette collaboration a notamment fait éclore une architecture en mouvement dénommée Bien-venus. Aller moins vite, prendre le temps de la rencontre durant le trajet, observer la ville, s’extirper du tumulte urbain pour se rendre à Transfert : autant de pistes fictives qui ont été explorées par les étudiants pour “bien venir” à Transfert.
Faisant l’hypothèse que le récit du lieu commence dès l’accueil du public, les étudiant·e·s ont conçu un dispositif roulant, objet curieux, qui serpente la ville avant de se nicher à Transfert lorsque le site est ouvert au public. S’inspirant des éléments emblématiques présents sur le site tels que la tête de Cobra, les futur·e·s architectes ont donné la forme d’un serpent à leur architecture mobile. Le Serpent est un gardien nomade, en mouvement, qui ondule, explore la ville et accompagne les passants vers la cité utopique dans un voyage entre rêve et réalité. Constitué de maillons qui sont déposés à différents endroits de la ville, le serpent prend forme progressivement, grâce à une tête motrice qui récupère ses maillons les uns après les autres pour amener les passants jusqu’à Transfert.
Le trajet devient une expérience collective et immersive au rythme de la marche, pour découvrir l’univers de Transfert, et contempler les paysages traversés. D’autres étudiant·e·s ont également planché sur un dispositif fictif dénommé La Mue, qui accompagne la présence du Serpent sur la base de vie. Lorsque le site se ferme, le Serpent repart, dépose et raccompagne ses hôtes vers les centres de Nantes et de Rezé.
Travaillant sur ce projet durant un semestre, les futur·e·s architectes ont produit différentes maquettes (notamment de la Mue du serpent), plans, et une notice de montage pour donner une forme concrète à leur idée avec la réalisation finale d’un prototype à l’échelle 1 d’un des maillons du Serpent.
Entre explorations, flâneries et rêveries urbaines, le projet Bien-venus est une expérience urbaine, lente et collective qui amène les participant·e·s à repenser leur lien à la ville, aux autres et à leur environnement proche. Il nous donne des pistes pour imaginer des connexions entre le futur quartier Pirmil-Les-Isles, le bourg de Rezé et le centre de Nantes. Au delà de préoccupations purement opérationnelles liées à l’accessibilité et la connexion du site à la métropole, ce type de collaboration avec l’école d’architecture offre l’opportunité de s’emparer de questions de recherche par la pratique et le projet. Finalement la proposition des étudiant·e·s questionne le rapport que l’on entretient à son territoire, la façon dont on se déplace dans la ville et nourrit des problématiques de recherche. En effet, comment encourager les mobilités douces ? Comment faire pour que le voyage soit convivial et offre la possibilité de porter un regard poétique sur sa ville ? Comment l’expérience collective du transport influence le rapport que l’on a de son quartier, de sa ville ?
Le projet Bien-venus est conçu et réalisé par Laurie Bouzom (PFE), Morgan Brisoux, José Fichet, Sauvanne Laforge, Cécile Marteau, Mathilde Picard (PFE), Valentin Salvagnac, Ilona Touchard, Florian Vauthier, étudiant·e·s de l’ENSA Nantes, dans le cadre du studio de projet de Master Architecture en représentation conduit par Laurent Lescop et Bruno Suner, enseignants-chercheurs. José Fichet, Ilona Touchard, Valentin Salvagnac, Florian Vauthier se sont focalisés sur La Mue qui accompagne le projet Bien-venus.